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Sélection des articles

SÉLECTION DES ARTICLES 2024 POUR LE PRIX 2025

Magali MOLINIÉ

Gais savoirs et savoirs malins : les savoirs expérientiels selon celles et ceux qui les vivent et les fabriquent.

Rhizome, 88-89, 25-33. 2024.

 

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« Les personnes ayant une expérience personnelle de la psychiatrisation de leurs difficultés pourraient-elles produire des recommandations utiles aux pouvoirs publics, à l’Organisation mondiale de la santé ? La question émane d’un collectif national mis en place en 2019 à l’initiative du Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (CCOMS) sur le thème des « savoirs expérientiels ». Il incluait des représentants du groupe d’entraide mutuelle (GEM) les Ch’tis bonheurs de Ronchin aux côtés de nombreux autres acteurs (pairs, représentants d’associations d’usagers, chercheurs…). À l’automne 2021, Vincent Demassiet, Murielle Hénon et Patrice Desmons. Cet article est l’aboutissement d’un travail collectif. Je veux… relaient la proposition auprès des membres du conseil d’administration du Réseau français sur l’entente de voix (REV France). Un premier groupe de travail se met en place au GEM avec des participants intéressés par la question. Un second au REV, avec des membres de son conseil d’administration. D’octobre à juin 2021, chaque groupe se réunit séparément tous les mois, en présentiel au GEM, en visio au REV. Puis, jusqu’à l’automne 2022, quelques membres des deux groupes se retrouvent en visio pour partager et prolonger leurs réflexions.

Nous restituerons ici les principaux thèmes des discussions menées au sein de ces deux espaces et reviendrons sur le bilan provisoire qui peut en être tiré. Pour ce faire, nous nous appuyons sur l’analyse de contenus des notes rédigées après chaque rencontre et des écrits de synthèse produits par chacun des deux groupes »


Victor POILLIOT

Habitat précaire, actions sociales : des obstacles politiques.

Sociographe, 82, 61-73. 2023.

 

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Privées durablement de logement, de nombreuses personnes se réfugient dans les espaces ruraux en s’installant dans des habitats bricolés, plus ou moins aménagés, dont les formes varient : cabanes, locaux agricoles, tentes, caravanes, véhicules. Alerté.es par ces situations, les travailleur.ses sociaux.ales sont empêché.es dans leurs démarches par des obstacles politiques et législatifs qui marginalisent ces situations. Invisibles pour les politiques publiques, ces situations réinterrogent globalement les dispositifs de l’État en matière de droit au logement et d’amélioration du logement.


Camille MASCLET

Devenir parents de LGBT : Des socialisations minoritaires par ricochet ?

Actes de la recherche en sciences sociales, 249, 76-95. 2023.

 

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Avoir des enfants lesbiennes, gays, bi sexuel·les et trans’ (LGBT) transforme-t-il les manières d’être, de faire et de penser des parents concernés ? Cet article examine comment les parcours des minorités sexuelles et de genre peuvent rejaillir sur leurs parents et engendrer des processus de resocialisation. À partir d’une enquête qualitative menée auprès de personnes LGBT adultes et de leurs parents, il montre que ces processus vécus par les parents débouchent sur des transformations de leurs socialisations majoritaires hétéronormatives. En mobilisant la notion interactionniste de carrière, l’article analyse les phases communes par lesquelles passent les parents de LGBT et dégage les formes de socialisation indirecte et partielle à l’expérience minoritaire qui en découlent.
Pour saisir les rouages de ces resocialisations, il explore ensuite la pluralité des effets de la carrière de parents de LGBT, en distinguant les cas où les parcours des enfants engendrent des transformations individuelles assez poussées, de ceux où le coming-out ne fait pas événement dans les trajectoires parentales. Développées à partir des minorités sexuelles et de genre et de leurs parents, ces analyses renseignent les effets socialisateurs des écarts à l’hétéronormativité ; elles permettent aussi, plus largement, de saisir des socialisations familiales qui se déploient de manière ascendante, des enfants vers les parents.


Hélène OEHMICHEN

Jusqu’où attendre son retour : Le placement d’enfants ou la lente dépossession des parents de classes populaires.

Actes de la recherche en sciences sociales, 250, 40-57. 2023.

 

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La loi prévoit aujourd’hui que, lorsqu’un·e enfant est retiré·e de sa famille pour être placé·e, le placement se termine dès que les institutions judiciaires et administratives actent la fin du danger au domicile parental. Le placement ouvre ainsi le temps d’une parentalité suspendue à l’attente du retour de l’enfant. À partir d’une enquête ethnographique et statistique sur les institutions de placement et sur les parents concernés, l’article explore la façon dont l’attente et la menace de sa prolongation sont utilisées comme levier de contrôle et de normalisation des classes populaires – et plus particulièrement des mères. Cela passe notamment par l’imposition d’attentes intermédiaires. Leur respect conditionne la durée du placement, ce qui participe à la reproduction de l’ordre social – ordre de classe, de genre et de santé. Pour la majorité la plus dominée des parents, le placement perdure. Face à ce provisoire qui dure, les parents – socialisés de façon différentielle par les attentes, intermédiaires et finale, et conscients de l’inefficacité des efforts accumulés – développent deux types stratégies de cessation de l’attente : la déparentalisation et l’institutionnalisation de leur parenté.


Marine DELAUNAY

La responsabilisation des auteurs de violences conjugales à l’épreuve de leurs stratégies de contestation des décisions pénales.

Déviance et Société, 47, 401-433. 2023.

 

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Les auteurs de violences conjugales qui se sont vus enjoindre la réalisation d’un stage de responsabilisation élaborent un discours qui ajuste les normes sociales sur les violences et leur statut judiciaire. Pour en saisir la fabrique, l’article interroge les déclinaisons de l’injonction à la responsabilisation dans les stages et les modalités d’évaluation de cette ambition. Les représentations de ces justiciables sont structurées par des techniques de neutralisation par lesquelles ils expriment leur rapport à la violence. Leur interprétation de la procédure pénale est guidée par une perception des rapports de genre et de classe qui provoque des formes d’adhésion et de contestation à la justice, et influence leurs représentations sur les violences.


Leslie FONQUERNE

La pilule en héritage: Transmissions historiques et matrilinéaires.

Revue des politiques sociales et familiales, 146-147, 13-28. 2023.

 

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Les mères endossent le rôle de garantes de la santé de la famille et apparaissent, pour leurs filles, comme des initiatrices significatives aux domaines gynécologique et contraceptif. À travers une enquête sociologique, de type qualitatif, réalisée entre 2015 et 2021 auprès de jeunes femmes usagères de contraception orale, de leurs mères, de leurs partenaires et de membres du corps médical aptes à prescrire une contraception, cet article interroge la place des mères dans les parcours contraceptifs et gynécologiques des jeunes femmes et ce que cela traduit en termes de normes médicales et de genre. Le premier rendez-vous gynécologique, souvent motivé par une première prescription de pilule chez la ou le médecin de famille, relève d’un rite de passage pour les filles et de passation pour les mères. Pourtant, mères et filles sont dans des temporalités biographiques distinctes et le modèle médical des unes ne convient pas nécessairement aux autres. Oscillant entre soutien et intrusion, l’implication des mères témoigne du caractère perpétuellement féminisé de la gestion pratique et éducative de la contraception.