À Rezé, la 11e édition du Prix de l’écrit social récompense trois autrices


Pour sa 11e édition, le Prix de l’écrit social a été remis au sein de notre établissement de Rezé, jeudi 2 février. Trois autrices ont été récompensées.

 

Les Thématiques abordées par les 3 lauréates durant la conférence s’articulent autour du sujet du :

  • Harcèlement de rue « Une lecture critique de l’usage politique du concept du continuum des violences sexistes et sexuelles » par Carole Gayet-Viaud « prix de l’article »
  • Être à sa place (ou ne pas l’être) et tenter de conquérir les places qui nous sont interdites à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique et sociale par Claire Marin « Prix de l’ouvrage »
  • Les "grossesses catastrophiques" et la question des néonaticides par Julie Ancian Lauréate "jury étudiant"

 

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Lauréate ouvrage : Claire Marin (Philosophe), Être à sa place, édition de l’Observatoire.

Claire Marin © Céline Nieszawer -

Résumé

« Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage, on craint d’agir de manière déplacée. On a le sentiment de ne pas “être à sa place”. Mais qu’est-ce qu’être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l’intérieur et s’y créer une place à soi ? »

Dans cet ouvrage aussi passionnant que sensible, la philosophe Claire Marin explore toutes les places que nous occupons – quotidiennement, volontairement ou contre notre gré, celles que nous avons perdues, celles que nous redoutons de perdre – et interroge ce qui est à la fois la formulation d’un désir personnel et un nouvel impératif social. Encore reste-t-il à savoir si l’on finit tous par trouver une place, ou si le propre d’une place n’est pas plutôt de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s’y installer…


Lauréate "jury étudiant" : Julie Ancian (Sociologue), Les violences inaudibles, Récits d’infanticides, édition du Seuil.

Résumé

Comment une mère peut-elle tuer ses bébés ? Dans une société qui idéalise la maternité, les femmes qui tuent leur nouveau-né dans les heures qui suivent sa naissance provoquent horreur et incompréhension. Ce sont des "monstres" ou des "folles". I2enquête menée par Julie Ancian se situe à l'opposé de ces images convenues. Son livre s'appuie sur les récits exceptionnels qu'elle a recueillis auprès de femmes condamnées pour ces faits. Loin de ramener à une pathologie mentale, leurs propos témoignent de trajectoires traversées de fortes contraintes et de grande détresse : précarité, violences conjugales, isolement, absence de soutien familial... Contrairement à une idée répandue, l'accès aux services de planning familial, à une contraception efficace ou à un avortement, n'est pas garanti pour toutes les femmes. Or, la justice, dans le traitement de ces homicides très particuliers, est aveugle aux inégalités sociales et particulièrement indulgente envers les hommes violents. Les observations de procès et les entretiens avec des magistrats et des avocats révèlent que l'institution judiciaire perpétue un discours trompeur sur la libre disposition de leur corps dont bénéficieraient toutes les femmes. Aussi fautrice est-elle fondée à dresser ce constat : les violences qui pèsent sur les choix reproductifs des femmes sont encore largement inaudibles.

julie ancian

Lauréate article : Carole Gayet-Viaud (Sociologue), Le harcèlement de rue et la thèse du continuum des violences, Revue « Déviance et Société » 2021/1 vol 45/ pages 59 à 90

carole gayet

Résumé

Cet article revient sur la constitution du harcèlement de rue comme problème public en France, et sur la façon dont la notion de « continuum de violence » a été mobilisée au fil de ce processus. L’usage conjoint des notions de continuum et du harcèlement, appliquées aux formes de sexisme prenant place dans la rue, a permis la reconnaissance médiatique et politique d’un phénomène, via la publicisation d’une expérience féminine collective des rapports en public, marquée par un certain type d’offenses et d’atteintes à la liberté. Mais des difficultés se posent au moment d’envisager les réponses publiques apportées au problème ainsi configuré. La réflexion aujourd’hui ouverte sur le traitement politique et judiciaire du harcèlement de rue peut être éclairée par les enseignements issus des théories et politiques visant les incivilités : engagées en France et en Europe depuis les années 1990, elles se sont adossées à des conceptions de l’ordre public urbain, et de l’articulation entre formes mineures de déviance et criminalité, qui ont des traits communs avec les thèses aujourd’hui mobilisées pour justifier la pénalisation du harcèlement de rue. L’identification de ces analogies offre l’occasion d’une mise en perspective des bénéfices et des coûts qu’impliquent les approches aujourd’hui dominantes du harcèlement de rue, et de l’usage politique (et juridique) qui y est fait du concept de continuum de violence.


Durant l’après-midi de cette journée, nous avons convié les acteurs du social local à participer à des cafés-débat, organisés à partir des thématiques des ouvrages lauréats.

Ces cafés débat sont l'occasion d'organiser des rencontres entre des équipes de professionnel.l.e.s et des étudiant.e.s, principalement de 1ère année (Assistant de Service social, Educateur Spécialisé et Educateur de Jeunes Enfants). L'idée est de dialoguer en toute proximité, d'échanger et d'entendre les points de vue des acteurs professionnels.

Une trentaine d'étudiants s'installent dans une salle débarrassée de ses tables, mangent un biscuit, boivent un café et la discussion commence. L'équipe apporte les éléments qui lui semblent importants selon son bon vouloir. Le café-débat n'est pas un cours, mais l’occasion pour les étudiants de découvrir vos actions et vos pratiques, ce qui laisse aux animateurs une grande liberté dans leur expression. Certains participants viennent avec des usagers lorsque cela est possible. 

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