SÉLECTION DES OUVRAGES ET ARTICLES DU PRIX DE L'ÉCRIT SOCIAL 2024

Qu'est-ce que le Prix de l'Écrit Social ?

Chaque année, le Prix de l'Écrit Social scrute le paysage littéraire pour dénicher les ouvrages et articles les plus pertinents et impactants sur les questions sociales contemporaines. Le processus de sélection est rigoureux, avec un jury diversifié composé d'étudiants, de formateurs, et de professionnels. Ce jury décerne le prestigieux Prix de l'Écrit Social dans les catégories "ouvrage" et "article". De manière distinctive, le jury étudiant attribue également son propre prix ouvrage.

Cette année, nous avons le plaisir de dévoiler la sélection des six ouvrages et articles pour le Prix de l'Écrit Social 2025. Nous invitons chaleureusement le public à plonger dans ces livres qui captivent et suscitent la réflexion. Les jurys délibéreront en juin pour les Prix des ouvrages et articles, et la remise des Prix aura lieu le jeudi 6 février 2025.

Organisatrices
Hélène HAMON-VALANCHON
Stéphanie LABARRE

 

SÉLECTION DES 6 OUVRAGES 2024

Choses-Serieuses

Isabelle CLAIR - Les choses sérieuses – Enquête sur les amours adolescentes, Éditions de l’EHESS, 2022.


Les premières amours sont des choses sérieuses : les filles s’y transforment en femmes, les garçons en hommes. Loin de la fraîcheur et de la liberté que leur prêtent parfois les souvenirs adultes, ces métamorphoses sont difficiles, pleines d’enjeux et d’embûches. Pour faire leurs preuves, les jeunes doivent s’efforcer de répondre à des attentes sans que celles-ci ne soient jamais nettement formulées, tant l’attirance et le sexe sont réputés affaires naturelles et spontanées. À partir de trois terrains d’observation qui l’ont menée des cités d’habitat social aux beaux quartiers parisiens en passant par le monde rural, Isabelle Clair propose une lecture sensible et incarnée de la façon dont les jeunesses françaises traversent cet âge des amours débutantes, du collège à l’entrée dans l’âge adulte. Elle montre qu’on attend toujours de la réserve de la part des filles, de la puissance de la part des garçons et que les conduites quotidiennes sont loin d’être bouleversées par le mariage pour tous et le mouvement #MeToo. Son travail d’enquête au plus près des expériences révèle ainsi comment les jeunes viennent à la sexualité.

Directrice de recherche au CNRS, Isabelle Clair est sociologue. Elle a publié Les Jeunes et l’amour dans les cités (Armand Colin, 2008) et Sociologie du genre (Armand Colin, 2e édition 2023). Elle a également dirigé, avec Elsa Dorlin, l’ouvrage collectif Photo de famille. Penser des vies intellectuelles d’un point de vue féministe (Éditions de l’EHESS, 2022).

Bénédicte BONZI - La France qui a faim, Anthropocène - SEUIL, 2023.


En France, dans ce pays riche où l’agriculture se veut productiviste et exportatrice, une personne sur dix doit recourir à des dispositifs d’aide alimentaire. Les Restos du coeur en sont l’un des acteurs principaux. Que leur existence soit devenue indispensable révèle l’absurdité et la triple faillite de notre système agricole, malade d’un bout à l’autre de la chaîne. Mondialisé et industriel, celui-ci participe au désastre écologique en cours tandis que nombre d’agriculteurs français sombrent dans la pauvreté malgré un lourd labeur.

À travers l’incroyable travail réalisé par l’association fondée par Coluche il y a bientôt quarante ans, on pourrait croire que les dons de nourriture et de temps répondent au droit à l’alimentation. Pourtant, il n’en est rien. Sur le terrain, les bénévoles sont en souffrance. Ils constatent que leur action, loin d’aider à sortir de la pauvreté, consiste surtout à maintenir une paix sociale, en évitant des vols et des émeutes de la faim. Car l’impossibilité à accéder à la nourriture est une violence qui s’exerce contre les plus pauvres. On sort profondément ébranlé de cette enquête dans le monde invisible du quotidien de l’aide alimentaire.

Et si, dans une société démocratique, l’urgence consistait moins à donner de la nourriture que des droits pleins et entiers ?

Bénédicte Bonzi est docteure en anthropologie sociale, chercheuse associée au LAIOS (Laboratoire d’Anthropologie des institutions et des organisations sociales). Elle se saisit de la question de la violence dans le système alimentaire à travers les impacts des politiques d’aide et de don. Aujourd’hui elle accompagne les collectivités dans leurs transitions alimentaires chez Auxilia Conseil.

France-qui-a-faim
Avenir-confisque

Nicolas DUVOUX - L'avenir confisqué : inégalités du temps vécu, classes sociales et patrimoine, PUF, 2023.


Croisant réflexion spéculative et enquêtes sur le bas, le milieu et le haut de la société, Nicolas Duvoux montre comment le sentiment de l’avenir constitue un indicateur précieux, et irremplaçable, de la position sociale. La capacité subjective à se projeter positivement dans l’avenir constitue une clé de lecture de la société au double sens où elle permet de décrire la hiérarchie sociale mais aussi de rendre compte des relations inégalitaires qui s’y nouent et de leur reproduction. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne face à la crise de l’avenir. Les plus dotés sont aussi les mieux à même de maîtriser l’avenir, individuel et collectif, ce qui entraîne anxiété et peur du déclassement au sein des classes moyennes, dépossession et insécurité radicale en bas de l’échelle sociale.

Sans renier la recherche d’objectivité scientifique mais au contraire en en raffinant les instruments, Nicolas Duvoux démontre comment la subjectivité peut servir de révélateur aux inégalités, notamment de classe sociale. Il fait ressortir l’importance du patrimoine économique à partir de la sécurité que sa possession procure – et de l’insécurité sociale endémique dans laquelle son absence plonge.

Prenant appui sur des travaux en philosophie, en psychologie ou en épidémiologie, il déploie une manière d’appréhender le monde social qui articule, sans les opposer, le présent, le passé mais aussi l’avenir tel que l’on se le projette, l’objectif et le subjectif, l’individuel et le collectif. Ce livre porte ainsi un regard sociologique sur le monde qui restitue l’épaisseur vécue de l’existence pour mieux penser les asymétries et formes de domination sociale, et il vise par là à réintégrer la sociologie dans un projet scientifique plus global.

Nicolas Duvoux est professeur de sociologie à l’Université Paris 8 (Cresppa-LabTop). Il a coordonné avec Cédric Lomba Où va la France populaire ? (Puf, « La vie des idées.fr », 2019). Il est également l’auteur des Inégalités sociales, (« Que sais-je ? », 2e éd. 2021).

Solène BRUN - Derrière le mythe métis – Enquête sur les couples mixtes et leurs descendants en France, Armand Collin, 2022.


En France comme aux États-Unis ou au Brésil, le métissage fait l'objet d'une véritable obsession, entre haine raciste animée par la peur d'attenter à la " pureté de la race ", qui plonge ses racines dans l'histoire esclavagiste et coloniale occidentale, et discours bienheureux et pacificateur, qui voit en lui un espoir pour l'avènement de sociétés postraciales enfin débarrassées du racisme. Ces positions apparemment antagonistes sont en réalité les deux faces d'une même analyse : le métissage diluerait les identités raciales.

Mais qu'en est-il véritablement ? Prenant au sérieux une question restée sous-explorée dans les sciences sociales, cet ouvrage propose de plonger dans la vie quotidienne des familles " métissées " dans la France d'aujourd'hui. Qui sont ceux que l'on appelle les " couples mixtes " ? Comment se construisent leurs descendants, les " métis ", qui grandissent entre plusieurs appartenances, plusieurs identifications, parfois plusieurs langues ou plusieurs cultures ? De quelle manière ces familles sont-elles perçues au quotidien et se perçoivent-elles elles-mêmes ? Comment se transmettent les identités lorsque parents et enfants ne sont pas racialisés de la même manière ?

Grâce à une analyse à la fois sociologique et historique, Solène Brun interroge la négociation des catégorisations raciales et la construction de l'identité des personnes issues de " familles mixtes ". En confrontant le " mythe métis ", c'est-à-dire les discours et représentations entourant le métissage, à l'analyse sociologique de ces expériences intimes, cette enquête nous permet de mieux cerner la persistance des frontières raciales dans une société française encore réticente à aborder des questions qui la travaillent en profondeur.

Solène Brun est sociologue, chargée de recherche au CNRS. Spécialiste des questions raciales, elle a notamment publié, avec Claire Cosquer, Sociologie de la race (Armand Colin, 2022).

Mythe-metis
Enfants-des-bidonvilles

Margot DELON - Enfants des bidonvilles – Une autre histoire des inégalités urbaines, La Dispute, 2024.


Des violences policières au mal-logement, les banlieues populaires semblent frappées d’une malédiction que rien ne peut enrayer. Mais est-ce vraiment le cas ? Comment, au fond, se reproduisent les inégalités sociales et urbaines ?

Enquête dans le passé oublié de nombreuses villes françaises, ce livre raconte l’histoire des enfants des bidonvilles de l’après-guerre, qui comptaient en 1966 près de 75 000 habitant·es. À Nanterre, à Champigny-sur-Marne et ailleurs, Algérien·nes, Marocain·es, Tunisien·nes et Portugais·es, ces enfants ont grandi dans des baraques puis dans des cités de transit marquées par la précarité et l’exclusion. Aujourd’hui adultes, ils témoignent de ce qu’ont été leurs vies avant et après la destruction des bidonvilles. Loin des préjugés, leurs trajectoires montrent que l’inéluctable ne l’est pas toujours et que si les effets structurels du racisme ou de la pauvreté sont écrasants, les mobilisations des familles et auprès des familles permettent parfois d’enrayer la reproduction des inégalités.
Réunissant des récits inédits, des archives et des observations ethnographiques, Enfants des bidonvilles s’adresse à un public curieux des sciences sociales et de cette histoire, aux multiples ramifications contemporaines.

Margot Delon est sociologue au Centre Nantais de sociologie et au CNRS, chercheuse résidente à l’École Française de Rome. Ses travaux portent sur la fabrique des inégalités, saisie à travers différents objets (le logement, les migrations, les socialisations, la mémoire…).

Anne MUXEL - Ils m’ont jamais lâché – Au cœur des quartiers avec les jeunes et leurs éducateurs de rue, Le Bord De L'eau Eds, 2024.


Comment aider et accompagner les jeunes pour prévenir les dérives et leur permettre de mettre en forme un avenir désirable ? Tel est le pari de la prévention spécialisée, un angle mort et peu connu de la Protection de l’enfance.

Le travail entrepris par les éducateurs de rue n’est jamais gagné d’avance. Tels des semeurs de graines et des créateurs de lien, ils ont à gagner la confiance des jeunes pour s’aventurer avec eux sur un chemin de résilience et d’ouverture des possibles.

Ce livre s’appuie sur une enquête de terrain et sur un ensemble d’entretiens approfondis, une centaine, menés auprès des éducateurs et des publics concernés. Il permet de découvrir et d’appréhender la spécificité du travail de la prévention spécialisée à partir des regards croisés de ses différents protagonistes, en prenant non seulement en compte l’expérience des éducateurs, des adolescents et des jeunes, mais aussi l’évaluation rétrospective des jeunes adultes et des adultes ayant été suivis dans leurs jeunes années.

Anne Muxel est Directrice de recherches en sociologie et en science politique au CNRS (CEVIPOF/Sciences Po). Ses travaux dans le champ de la sociologie politique s’attachent à la compréhension des formes du lien des individus à la politique et plus largement au système démocratique. Elle est également une spécialiste reconnue des études sur la jeunesse, des processus de socialisation et de construction de la citoyenneté.

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SÉLECTION DES 6 ARTICLES 2024

Magali MOLINIÉ

Gais savoirs et savoirs malins : les savoirs expérientiels selon celles et ceux qui les vivent et les fabriquent.

Rhizome, 88-89, 25-33. 2024.

 

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« Les personnes ayant une expérience personnelle de la psychiatrisation de leurs difficultés pourraient-elles produire des recommandations utiles aux pouvoirs publics, à l’Organisation mondiale de la santé ? La question émane d’un collectif national mis en place en 2019 à l’initiative du Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (CCOMS) sur le thème des « savoirs expérientiels ». Il incluait des représentants du groupe d’entraide mutuelle (GEM) les Ch’tis bonheurs de Ronchin aux côtés de nombreux autres acteurs (pairs, représentants d’associations d’usagers, chercheurs…). À l’automne 2021, Vincent Demassiet, Murielle Hénon et Patrice Desmons. Cet article est l’aboutissement d’un travail collectif. Je veux… relaient la proposition auprès des membres du conseil d’administration du Réseau français sur l’entente de voix (REV France). Un premier groupe de travail se met en place au GEM avec des participants intéressés par la question. Un second au REV, avec des membres de son conseil d’administration. D’octobre à juin 2021, chaque groupe se réunit séparément tous les mois, en présentiel au GEM, en visio au REV. Puis, jusqu’à l’automne 2022, quelques membres des deux groupes se retrouvent en visio pour partager et prolonger leurs réflexions.

Nous restituerons ici les principaux thèmes des discussions menées au sein de ces deux espaces et reviendrons sur le bilan provisoire qui peut en être tiré. Pour ce faire, nous nous appuyons sur l’analyse de contenus des notes rédigées après chaque rencontre et des écrits de synthèse produits par chacun des deux groupes »


Victor POILLIOT

Habitat précaire, actions sociales : des obstacles politiques.

Sociographe, 82, 61-73. 2023.

 

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Privées durablement de logement, de nombreuses personnes se réfugient dans les espaces ruraux en s’installant dans des habitats bricolés, plus ou moins aménagés, dont les formes varient : cabanes, locaux agricoles, tentes, caravanes, véhicules. Alerté.es par ces situations, les travailleur.ses sociaux.ales sont empêché.es dans leurs démarches par des obstacles politiques et législatifs qui marginalisent ces situations. Invisibles pour les politiques publiques, ces situations réinterrogent globalement les dispositifs de l’État en matière de droit au logement et d’amélioration du logement.


Camille MASCLET

Devenir parents de LGBT : Des socialisations minoritaires par ricochet ?

Actes de la recherche en sciences sociales, 249, 76-95. 2023.

 

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Avoir des enfants lesbiennes, gays, bi sexuel·les et trans’ (LGBT) transforme-t-il les manières d’être, de faire et de penser des parents concernés ? Cet article examine comment les parcours des minorités sexuelles et de genre peuvent rejaillir sur leurs parents et engendrer des processus de resocialisation. À partir d’une enquête qualitative menée auprès de personnes LGBT adultes et de leurs parents, il montre que ces processus vécus par les parents débouchent sur des transformations de leurs socialisations majoritaires hétéronormatives. En mobilisant la notion interactionniste de carrière, l’article analyse les phases communes par lesquelles passent les parents de LGBT et dégage les formes de socialisation indirecte et partielle à l’expérience minoritaire qui en découlent.
Pour saisir les rouages de ces resocialisations, il explore ensuite la pluralité des effets de la carrière de parents de LGBT, en distinguant les cas où les parcours des enfants engendrent des transformations individuelles assez poussées, de ceux où le coming-out ne fait pas événement dans les trajectoires parentales. Développées à partir des minorités sexuelles et de genre et de leurs parents, ces analyses renseignent les effets socialisateurs des écarts à l’hétéronormativité ; elles permettent aussi, plus largement, de saisir des socialisations familiales qui se déploient de manière ascendante, des enfants vers les parents.


Hélène OEHMICHEN

Jusqu’où attendre son retour : Le placement d’enfants ou la lente dépossession des parents de classes populaires.

Actes de la recherche en sciences sociales, 250, 40-57. 2023.

 

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La loi prévoit aujourd’hui que, lorsqu’un·e enfant est retiré·e de sa famille pour être placé·e, le placement se termine dès que les institutions judiciaires et administratives actent la fin du danger au domicile parental. Le placement ouvre ainsi le temps d’une parentalité suspendue à l’attente du retour de l’enfant. À partir d’une enquête ethnographique et statistique sur les institutions de placement et sur les parents concernés, l’article explore la façon dont l’attente et la menace de sa prolongation sont utilisées comme levier de contrôle et de normalisation des classes populaires – et plus particulièrement des mères. Cela passe notamment par l’imposition d’attentes intermédiaires. Leur respect conditionne la durée du placement, ce qui participe à la reproduction de l’ordre social – ordre de classe, de genre et de santé. Pour la majorité la plus dominée des parents, le placement perdure. Face à ce provisoire qui dure, les parents – socialisés de façon différentielle par les attentes, intermédiaires et finale, et conscients de l’inefficacité des efforts accumulés – développent deux types stratégies de cessation de l’attente : la déparentalisation et l’institutionnalisation de leur parenté.


Marine DELAUNAY

La responsabilisation des auteurs de violences conjugales à l’épreuve de leurs stratégies de contestation des décisions pénales.

Déviance et Société, 47, 401-433. 2023.

 

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Les auteurs de violences conjugales qui se sont vus enjoindre la réalisation d’un stage de responsabilisation élaborent un discours qui ajuste les normes sociales sur les violences et leur statut judiciaire. Pour en saisir la fabrique, l’article interroge les déclinaisons de l’injonction à la responsabilisation dans les stages et les modalités d’évaluation de cette ambition. Les représentations de ces justiciables sont structurées par des techniques de neutralisation par lesquelles ils expriment leur rapport à la violence. Leur interprétation de la procédure pénale est guidée par une perception des rapports de genre et de classe qui provoque des formes d’adhésion et de contestation à la justice, et influence leurs représentations sur les violences.


Leslie FONQUERNE

La pilule en héritage: Transmissions historiques et matrilinéaires.

Revue des politiques sociales et familiales, 146-147, 13-28. 2023.

 

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Les mères endossent le rôle de garantes de la santé de la famille et apparaissent, pour leurs filles, comme des initiatrices significatives aux domaines gynécologique et contraceptif. À travers une enquête sociologique, de type qualitatif, réalisée entre 2015 et 2021 auprès de jeunes femmes usagères de contraception orale, de leurs mères, de leurs partenaires et de membres du corps médical aptes à prescrire une contraception, cet article interroge la place des mères dans les parcours contraceptifs et gynécologiques des jeunes femmes et ce que cela traduit en termes de normes médicales et de genre. Le premier rendez-vous gynécologique, souvent motivé par une première prescription de pilule chez la ou le médecin de famille, relève d’un rite de passage pour les filles et de passation pour les mères. Pourtant, mères et filles sont dans des temporalités biographiques distinctes et le modèle médical des unes ne convient pas nécessairement aux autres. Oscillant entre soutien et intrusion, l’implication des mères témoigne du caractère perpétuellement féminisé de la gestion pratique et éducative de la contraception.